Chroniques d'une Femme Active

Oeuvre de fiction inspirée de faits réels...

samedi 18 octobre 2008

Dilemme de la femme moderne

Cette dernière semaine a été marquée par l'obligation de faire un choix lourd de conséquences pour mon avenir. Que dis-je ? Sacrifice conviendrait mieux. Lundi, j'ai repéré une offre d'emploi fort intéressante et pour laquelle je présente toutes les qualités requises. A l'exception, évidemment, de mon état civil (cf."Clémentine, femme active"). Il s'agit d'un poste de chargé de communication dont les missions consistent principalement à élaborer des documents d'appel et à gérer le site Internet. Tout ce que j'aime et que je sais faire. J'ai envie de postuler, je sais que cette fois, j'ai vraiment toutes les chances de mon côté. Compétences, expérience, savoir-faire et savoir-être. Jamais je n'ai été aussi proche de faire décoller ma carrière.
Et soudain, la question fatidique retentit : "Ce poste demande une grande disponibilité. Serez-vous disponible ? Vous n'avez pas encore d'enfant, est-ce un choix ?" Sous-entendu : "Devons-nous prévoir votre remplacement ?"
J'en ai marre. Je ne veux pas choisir. Je ne peux pas. M'épanouir au travail est aussi essentiel que réussir ma vie de famille. Je veux des enfants, c'est un fait. Peut-être pas tout de suite là, ce mois. Mais le mois prochain, ou celui d'après... Je ne sais pas exactement quand, mais je sens que c'est imminent. Et cela est parfaitement incompatible avec la recherche d'une autre emploi. Je suis coincée.
Je ne sais pas quoi faire. Je me retrouve là, toute seule avec mes principes de vie que je ne sais pas comment appliquer. Personne ne peut m'aider, pas même Nico, mon mari. Nous en avons longuement parlé, tous les deux. Il m'a dit qu'il veut des enfants et qu'il ne veut plus attendre. Tant pis pour le reste.
J'ai très peur, je crois que je ne suis pas prête. Bien sûr, il y a l'aspect professionnel. Le congé de maternité d'abord, pendant lequel je sais que je ne serai pas remplacée. Je serai donc forcée de travailler à la maison pour ne pas accumuler trop de retard. Après, si je souhaite reprendre à temps partiel, la galère continuera car ma charge de travail ne diminuera pas. Je serai partagée en permanence et je me sentirai coupable. Ensuite, je devrai élever cet enfant presque seule, Nico travaillant tout le temps. A moi les couches sales, les mauvaises nuits, les colères et les caprices. Nico sera si peu souvent à la maison qu'il aura droit au meilleur : les jeux et les promenades. Quant à l'éducation, je pense malheureusement que je n'aurai pas le temps de lui en donner une décente. Déjà aujourd'hui, je suis fatiguée en rentrant du travail et j'ai encore tout le ménage qui m'attend. Alors serrer la vis à un gamin capricieux... Bref, je n'en aurai probablement ni la force, ni l'envie. Je comprends maintenant mieux comment cette génération de gosses pourris-gâtés a vu le jour. Des parents ultra-protecteurs, angoissés et coupables. Super ! Tous les matins, je devrais réveiller mon enfant à 6h du matin pour le préparer et l'emmener à la crèche ou chez la gardienne. Et le soir, je ne le récupèrerai pas avant 19h. Je pourrai tout juste lui donner son bain, son bib' et dodo. Quant à Nico, il ne le verra que le dimanche et les jours fériés. Franchement, ça donne envie, c'est fou.
Mais le pire, pour moi, c'est la grossesse et le changement de mon corps à supporter. Devenir grosse et maladroite, avoir des boutons plein la figure et les dents qui cassent. Très peu pour moi. J'ai travaillé dur pour être celle que je suis et je n'arrive pas à me faire à l'idée de casser tout ça pour un enfant. En plus, j'ai vu d'affreuses images de ventres de femmes après un accouchement. J'en ai fait des cauchemars pendant plusieurs nuits.
J'ai pensé à l'adoption mais Nico ne veut pas. Il dit que c'est la dernière chance, si on n'y arrive pas par nous-mêmes. Je suis terrorisée et il ne comprend pas. Pour lui, devenir parent est un rêve longtemps attendu. Sa vie ne changera pas, ou si peu. C'est moi qui subirai tous les changements : mon corps, mon avenir, ma vie. Tout changera, même notre couple. Je ne suis pas prête à accepter cela.
Il y a quelques mois, pourtant, j'ai espéré être enceinte. J'ai fait un test et j'ai été très déçue en découvrant qu'il était négatif. J'ai l'impression que j'étais une autre personne alors.
Aujourd'hui je suis amère. J'ai fait un choix-sacrifice et il me pèse. Avec Nico, on a décidé de lancer sérieusement les essais bébé. J'aimerais tellement en avoir envie mais j'ai si peur que ça me coupe tout. Je ne conçois plus les relations intimes comme un moment agréable mais comme une affreuse corvée qui risque de me transformer à jamais.
J'aurais tant voulu être un garçon ! Je ne me serais pas posé toutes ces insupportables questions. Pas de sacrifice pour eux. Ils peuvent tout vivre, rien ne leur est interdit.
C'est vrai, à la fin, pourquoi j'ai pas de zizi ?

lundi 13 octobre 2008

La revanche, suite et... fin ?

Dans mon dernier post, j'ai dressé un portrait sans consession de ma chère collègue Christine. Cette brusque envie de lui dédier un espace sur mon blog a été déclenchée, si vous vous en souvenez, par sa demande, aussi impérieuse que déplacée, que je la conduise au musée pour assister au jury du concours de dessin. Le lendemain matin, je me suis donc arrangée avec les services techniques pour diposer de la Twingo communale, afin de ne pas utiliser mon propre véhicule qui, je le rappelle, n'est pas assuré pour ce type de trajet. Or, une demi-heure avant le départ, Christine décide qu'elle n'a pas le temps de se rendre à ce jury et délègue quelqu'un d'autre à sa place ! Une défection qui en dit long ! Pour le coup, je crois que j'ai gagné une bataille...
Qu'aurais-je pu dire quant à ma charge de travail ce jour-là ? Surcharge serait le mot juste, j'imagine. Quoi, me direz-vous, un fonctionnaire surchargé de travail ? Et pourtant, c'est vrai, j'avais tant à faire ces derniers jours que je n'ai même pas pu prendre mon RTT. Incroyable mais vrai. Je vous laisse juger par vous-mêmes : samedi dernier, une délégation parisienne nous a rendu visite, afin de découvrir les charmes de notre belle région. Mercredi, j'apprends que je dois réaliser un document de synthèse sur les activités économiques et touristiques de la commune. Il me reste 7 h en tout et pout tout. Dans des circonstances normales, j'y serais parvenue mais là... Pour commencer, le maire souhaitait que je prenne deux documents précédemment réalisés et que je les fusionne. Rien de très compliqué si l'on fait abstraction du logiciel utilisé pour leur création. Mais voilà, le premier a été créé avec QuarkXpress (par l'ancien secrétaire général) et le second, avec Word (par moi). Le point noir noir et re-noir, c'est que ces deux logiciels sont parfaitement incompatibles. L'un est prévu pour un environnement Mac, tandis que l'autre est prévu pour un environnement Microsoft. Résultat, le "copier-coller", vous pouvez déjà l'oublier. Le presse-papier de Office ne reconnaît même pas les caractères QuarkXpress. Ensuite, des différences à s'arracher les cheveux : les couleurs ne sont pas pareilles (CVJN vs. RVB), les polices ne sont pas prises en charge de la même manière, la casse est différente... Les mesures sont en pixels chez l'un, en % chez l'autre... J'ai cru sombrer dans la folie plus d'une fois. Et pour comble, je n'ai pas eu le temps de relire le document, ni même de lancer une correction orthographique. Evidemment, deux coquilles se sont glissées dans le mot du maire...
La seule solution réalisable, au vu du temps imparti, consistait donc a recréer un document par l'intermédiaire du format PDF (merci PDF Creator). Evidemment, bricolage oblige, le document final n'est pas parfait, les marges ne sont pas toujours identiques et l'oeil averti notera des subtilités au niveau des couleurs. Mais pour l'essentiel, j'ai sauvé les meubles mais à quel prix ! Une bonne migraine, un vendredi gâché et du stress très inutile.
Enfin, c'est ça, l'art de se rendre indispensable. Ca mérite bien quelques sacrifices...

mercredi 8 octobre 2008

Petite revanche sur une collègue (mal-aimée)

Me revoilà après une courte période de silence due à un vilain rhume. Le nez est certes encore bouché, mais les idées sont à nouveau claires.
Aujourd'hui, j'ai choisi de vous parler d'une collègue de travail que je n'apprécie guère. Elle s'appelle Christine, la quarantaine bien entamée, le cheveu noir (gris ?) et court, le visage sec, la tenue austère. Pour faire simple, Christine est un stéréotype de secrétaire de direction pot-de-colle avec son chef et tyranique avec les autres. Tout lui est dû. Madame n'arrive pas à utiliser son lecteur CD et tout le monde doit accourir. Madame n'arrive pas à transférer un e-mail, et c'est tout le monde qui trinque. Madame n'arrive pas à comprendre que la souris fonctionne avec des piles et qu'il faut parfois les changer et ce sont des jurons à répétition. Christine est insupportable, en tout cas, moi je ne la supporte pas. C'est une vraie quiche en informatique et elle n'arrête pas de m'appeler pour tout et rien (enfin, surtout rien). Bien sûr, il est inconcevable que je ne puisse pas faire ce qu'elle me demande. Par exemple, modifier un PDF. - Comment, ce n'est pas possiiiiiiiible ? Mais comment je vais fêêêêêêêre ? Tu peux pas faire ciiiii ? Ou bien çaaaaaa ? Autant le dire tout de suite, maintenant je l'envoie chier. Poliment, bien sûr, mais le fond dit tout hauut ce que la forme pense tout bas.
J'aime aussi lorsqu'elle me demande si gentiment : - Clémentine, tu peux me monter le journal d'hier ! Et paf, elle me raccroche le téléphone au nez. Manifestement, je suis la seule à avoir des jambes.
Le pire, c'est sa fâcheuse manie de venir imprimer ses cartons d'anniversaire sur mon imprimante. Pour ça, elle retrouve ses jambes, c'est fantastique. Elle surgit n'importe quand, et n'a aucun scrupule à me déloger de mon ordinateur. Un jour que j'étais vraiment très stressée, j'ai osé lui faire la remarque. Elle l'a très mal pris.
Mais ce matin, j'ai pris une petite revanche et j'ai adoré voir sa tête. En effet, demain je participe à un jury de concours de dessin pour enfants. Christine en fait partie elle aussi. Nous devons nous rendre au musée, qui se trouve à un peu moins d'1 km de la mairie. Or, ce matin, Christine se pointe à mon bureau et me sort avec son air pet-de-sec : - Clémentine, tu peux m'emmener demain, tu as une voiture, non ? Le culot dans toute sa splendeur. D'un point de vue strictement hiérarchique, Christine se situe au-dessus de moi, puisqu'elle est collaboratrice du maire. En toute logique, on peut donc s'attendre à ce qu'elle propose de m'emmener et non l'inverse. Le pire, c'est sa façon de demander ! Son ton de commandement ne souffrait aucun refus. Cela m'a tellement horripilée que j'ai trouvé en moi la ressource nécessaire pour l'envoyer bouler avec une ironie toute consommée. Je l'ai regardé droit dans les yeux en y mettant tout le regret que j'ai pu : - Je ne peux pas prendre ma voiture, elle n'est pas assurée pour les trajets professionnels. Ah cette tête qu'elle a tirée ! Je me demande si elle a compris que j'y ai mis la pire volonté du monde. Non mais quand même, je ne suis pas son taxi !
Voilà justement Christine qui sort de mon bureau. La pauvre ne savait pas comment insérer une image dans un document Word. Je crois qu'on ne pourra plus la sauver. Le XXe siècle n'est définitivement pas pour elle.

lundi 29 septembre 2008

Ma petite maman

Aujourd'hui, j'aimerais consacrer un 'post' à ma petite maman. Pour tout vous dire, j'appréhende cet exercice car je m'inquiète pour elle en ce moment. Penser à elle me serre toujours un peu le coeur...
Ma petite maman a eu 4 enfants, dont je suis l'aînée. Elle a choisi de rester à la maison, pour nous offrir la meilleure éducation possible et son sacrifice lui a parfois pesé plus qu'il n'aurait dû... Adolescente, ma relation avec elle a été du genre conflictuelle. Je pensais - à tort - qu'elle ne me comprenait pas et qu'elle ne voyait pas ma souffrance. En réalité, rien ne lui a échappé mais j'étais devenue si sauvage à cette époque qu'elle ne savait plus comment m'approcher...
Aujourd'hui, nos relations sont devenues calmes et sereines et je les apprécie énormément. Lorsque j'ai besoin d'un conseils, c'est toujours vers elle que je me tourne et j'ai accepté qu'elle puisse ne pas avoir toujours de réponse à mes questions. La phrase qui m'a le plus marquée venant d'elle a été : "On est toujours seul, au moment de prendre les grandes décisions." C'est vrai.
Je mange avec elle tous les midis depuis que j'ai commencé à travailler. Au début, nous étions 5 à table. Puis 4, puis 3 et maintenant, il n'y a plus qu'elle et moi. Mon frère travaille loin et est en pleine idylle, une de mes soeurs fait ses études à Perpignan. Seule ma plus jeune soeur vit encore à la maison.
Ma petite maman me fait de la peine. Voilà que, du jour au lendemain ou presque, elle se retrouve seule toute la journée dans sa grande maison. A midi, elle m'a avoué avoir pleuré hier et mon coeur s'est serré. Mon père ne comprend pas. Il pense tout lui offrir et c'est vrai qu'elle est à l'abri du besoin. Mais il ne sait pas lui parler, ni la consoler. Il n'arrive pas à lui remonter le moral. Je ne lui en veux pas, cependant : sa propre mère ne l'a jamais aimé et il est incapable de révéler la moindre émotion. Il s'est conditionné à vivre sa vie, sans émotions, sans questions. Tout ce qui sort de l'ordinaire lui fait peur. Alors, quand ma petite maman pleure parce que tous ses enfants quittent le nid, il s'énerve et la couvre de reproches.
Ma petite maman est fragile, je le sais. Oh, elle surmonte avec fierté tous les obstacles, elle reste toujours digne mais après coup... Quelques semaines ou mois plus tard, les premiers signes se manifestent : haleine alccolisée, réflexes amoindris, bouche empâtée. Je souffre de la voir comme ça, même si elle a déjà bien surmonté son problème d'alcool. Actuellement, cela ne lui arrive que très rarement, quand elle en a trop marre et que la vie l'écoeure trop.
Pendant mon adolescence, elle a traversé le pire. Je ne saurais dire quand elle a commencé à boire. J'avais 16 ans peut-être, le jour où elle a fait irruption dans ma chambre dans un état bizarre. L'après-midi, nous avions été en famille à une fête de village (fait exceptionnel, mon père détestant sortir et rencontrer du monde). Le soir, elle est venue dans ma chambre et m'a parlé de son amour de jeunesse qu'elle avait rencontré ce jour-là. Elle m'a dit que si elle n'avait pas épousé mon père, elle l'aurait épousé lui et elle n'arrêtait pas d'insister la-dessus. J'ai senti du regret dans sa voix. J'ai su pour la première fois qu'elle n'était pas toujours heureuse avec mon père.
Plus tard, elle a dit des choses très dures, sous le coup de l'alcool. Elle m'en voulait d'être née, d'avoir dû arrêter de travailler. Elle a remis toute sa vie en question à cause de ma naissance. J'ai voulu mourir cette nuit-là.
Puis il y a eu pire que les mots. Il y a eu sa déchéance. Totale. Nous ne savions plus quoi faire, nous ses enfants. Mon père ne bougeait pas et sa politique de l'autruche me rendait folle. Même quand il s'agissait de nettoyer son vomi, c'était à nous de le faire. Personnellement, ça ne m'est jamais arrivé car je ne vivais déjà plus à la maison. Mais mon frère et ma plus grande soeur l'ont fait et ils ont été traumatisés, surtout mon frère. Maintenant, il devient très méchant avec elle quand il remarque qu'elle a bu. Mais jamais un mot n'a prononcé de façon explicite.
Un jour que j'étais à la maison, ma petite maman a vomi. Le repas avait été tendu et tragique, mon père avait hurlé contre elle et l'avait fait sortir de table comme une petite fille. Elle est montée dans la chambre et on l'entendait sangloter. Mon père ne bougeait pas, il a fini son repas comme si de rien n'était puis s'est installé dans son fauteuil pour faire sa sieste. Soudain, nous avons entendu des hoquets et d'horribles gargouillis. Ma petite maman venait de vomir. J'ai regardé mon père. Son visage n'exprimait rien, comme s'il ne l'entendait pas. J'ai dû le supplier d'aller la voir pour qu'il bouge. Ils se sont parlés, longtemps, et après, il m'a semblé que ça allait mieux.
Je les aime tous les deux et je comprends leur souffrance. Ils n'arrivent pas à communiquer pleinement. Mon père est trop rigide, il semble trop insensible. J'aimerais tant qu'il ouvre les vannes. Un jour peut-être...
Ma petite maman était triste aujourd'hui et je ne sais pas comment lui remonter le moral. Plus exactement, je pense que ce n'est pas mon rôle et je sais qu'elle n'attend rien de tel de ma part. Elle est contente quand j'arrive, nous discutons beaucoup, de tout, de rien, de l'actualité, de notre famille. J'ai beaucoup de chance d'avoir une petite maman comme ça, si formidable, si présente. Je me dis : "Un jour, elle aura des petits enfants, ça ira mieux." Le problème, c'est que je ne me sens pas prête à avoir moi-même des enfants... Mais ça, c'est une autre histoire.

samedi 27 septembre 2008

Belle-soeur envahissante...

Je me suis levée ce matin avec un épouvantable mal de tête. C'est ma punition pour être restée un peu plus longtemps au lit, j'imagine. Bref, un samedi matin qui commence avec une migraine, ce n'est pas franchement le pied ! Je commence donc mon rituel classique : lever 9h40, je m'habille, je descends au salon où j'allume la TV pour me régaler avec une quantité indéfinie de magas japonais. J'adore ça ! Malheureusement, je ne suis pas trop fan de Dragon Ball, et c'est ce qui était au programme jusqu'à 10h30. En attendant, petit déj tranquille et tour sur mon ordi. J'ouvre ma boîte mail, espérant peut-être recevoir quelque chose d'intéressant et là, surprise, je découvre un message de Marion, ma future belle-soeur. Entre elle et moi, c'est une longue histore et, pour faire court, j'ai du mal à l'apprécier... Me voici donc face à ce message, qui plus est sans objet, à me demander ce qu'elle peut bien me vouloir. Marion est une adepte des "fwd" et j'ai immédiatement trouvé suspect qu'elle compose un mail par elle-même. Non pas qu'elle en soit incapable, mais nous n'avons rien à nous dire, elle et moi. Enfin, vous apprendrez à la connaître au fur et à mesure... Je clique donc sur le fameux message, et là, franchement, j'ai été consternée. Voici le contenu de son message :"Salut les Amis!!! Moi aussi, je m'y suis moi!!!Ca y est j'ai aussi mon blog...Peut être y trouverez vous un petit quelque chose vous concernant!!??" J'ai exprès fait un "copier-coller" pour que vous puissiez imaginer par vous-mêmes le genre de personnage qu'est Marion. L'excès de signes de ponctuation en dit long sur sa personnalité... Et oui, on peut la résumer à ceci : "too much". Au début : trop gentille, trop parfaite, trop serviable, trop bien. Et puis ça change : trop envahissante, trop comme-moi, trop chiante.
Plus encore que le contenant, c'est le contenu qui m'a choquée. La Miss a son blog, c'est bon, elle a inventé la poudre et elle en est fière. Quand l'a-t-elle créé ? Aujourd'hui. Et quand ai-je créé le mien ? Il y a 2 jours. Voilà, c'est comme ça pour tout, c'est plus fort qu'elle, il faut qu'elle fasse tout le temps comme moi. Elle me vampirise et je ne le supporte plus.
Une petite analyse psychologique pourrait s'avérer utile, tant pour elle que pour mon beau-frère (Marion est la petite amie du frère de mon mari). En effet, avant de rencontrer Marion, Noa (le frère de mon mari) m'appréciait beaucoup. J'ai parfois même pensé qu'il en pinçait pour moi. Plus jeune que mon mari de 4 ans, il lui voue également une admiration sans bornes. Pour lui, nous avons toujours représenté le couple parfait. Et surtout, je suis une fille pas comme les autres : j'aime la moto, les jeux vidéo et je suis une "geek". Autant de bons points pour moi. Bon, j'avoue que je suis plutôt jolie et que j'ai pas mal de charme. Bref, Noa et moi, on s'entendait vraiment bien. Je me souviens d'une fête de famille où je l'ai incité à boire plus que de raison pour rigoler. Ce soir-là, j'ai passé plus de temps avec lui qu'avec mon futur mari et on a ri comme des gosses pendant toute la soirée. C'est un très beau souvenir d'une époque où je le considérais comme mon petit frère.
Puis cette fille est arrivée. Au début, c'était super, je l'appréciais, on s'entendait bien tous les quatre. Puis elle a commencé à imiter tout ce que je faisais : coiffure, petites manies, voiture, passions... Elle a même commencé à utiliser les mêmes marques de cosmétiques que moi. Au début, je trouvais ça amusant. Puis c'est devenu de plus en plus lourd. Après avoir été prise pour sa soeur une bonne douzaine de fois, je n'ai plus trouvé ça marrant du tout. A chaque fois que je changeais de coiffure, elle en changeait aussi. Elle a voulu mettre des lentilles, comme moi. Et quand j'ai remis des lunettes parce queje ne supportais plus les lentilles, elle a fait pareil. Elle veut faire de la moto. Elle veut jouer à des jeux vidéo, elle essaie d'entrer dans la famille "geek"... Et maintenant, elle créé son blog.
Franchement, je vous jure, c'est très lourd. Le pire, l'autre jour on nous a pris pour des jumelles. Pour info, je précise qu'elle a bien dix kg de plus que moi, que ses cheveux sont châtain et non pas blonds (comme moi), qu'elle se tient comme un singe, qu'elle s'habille sans aucun goût... Je suis la modèle, elle est la (mauvaise) copie. Le plus dur, c'est que la mère de Nicolas (mon mari) est super fière de cette "ressemblance" et qu'elle n'arrête pas de nous rabâcher les oreilles avec. Mais elle trouve ça super. Elle ne peut pas comprendre, elle s'est toujours super bien entendu avec ses belles-soeurs et elle s'imagine que c'est pareil pour nous. Le week-end dernier, je dois avouer que Marion m'a même fait de la peine. Nous ne nous étions pas vu depuis presque 2 mois et la mère de Nico est revenue avec force sur cette fameuse ressemblance. J'en ai ri, comme à mon habitude, puisque ça lui fait si plaisir. Mais j'ai senti que Marion commençait à s'agacer. Elle n'est pas bête et, dans cette histoire, elle a bien compris qu'elle n'est que la copie.
En plus, elle doit parfois se demander pourquoi Noa l'a choisie. A cause de cette "ressemblance", peut-être. Je n'aimerais pas être à sa place, c'est clair, et c'est aussi pour ça que je reste indulgente avec elle. Je fais mine de l'apprécier, même si elle n'y croit plus vraiment. Mais parfois, j'ai besoin de dire ce que je ressens, et c'est bien pour ça que mon blog reste anonyme (au contraire du sien, na !)

jeudi 25 septembre 2008

Clémentine, femme active

Bonjour, je m'appelle Clémentine. J'ai 28 ans et je travaille dans la fonction publique depuis 6 ans. Incroyable, quand j'écris ces mots, je commence déjà à flipper. C'est affreux, cette misérable ligne qui me caractérise officiellement n'a absolument rien à voir avec moi, celle que je suis vraiment. J'ai toujours eu des rêves... de grandeur. Oui c'est vrai, depuis toute petite, je veux devenir écrivain. Le plus drôle, c'est que j'ai décidé ça alors que je ne savais même pas écrire. En fait, ce que j'aime par-dessus tout, c'est raconter des histoires. Pour les écrire, ce n'est jamais simple. Pour commencer, je n'ai jamais le temps. Et quand je me prends le temps, je n'y arrive pas. Cette semaine, j'ai compris que je me prenais bien trop au sérieux, c'est pour ça que je n'arrive pas à écrire.
Me voilà donc ici, en partie aussi pour me guérir de cette affreuse manie de l'écriture trop parfaite. Un blog, c'est idéal pour écrire sans se prendre la tête. Et avec un peu de chance, on arrive même à trouver des lecteurs.
Voilà, en quelques mots, le ton est donné, je n'aime pas mon travail. Je m'y ennuie à un point ! Mon cerveau s'encroûte et ça me fait peur. Ah oui, que fais-je donc de si non-palpitant : j'ai initialement été recruté en qualité d'archiviste-documentaliste. Fiche de poste intéressante, salaire de misère, énorme travail en perspective : l'amatrice des causes perdues que je suis n'a pas hésité. Riez, la suite est si... Enfin jugez par vous-mêmes. Pour (mal) commencer, le secrétaire général de la mairie m'a reçue plutôt froidement. D'emblée, il n'était pas très chaud pour me recruter. Motif invoqué : trop diplômée. Et merde, ça commence. Oui, j'ai fait des études, oui j'ai eu ma maîtrise en traduction scientifique du premier coup, et avec mention en plus, et alors ? Merde, je suis compétente et je demande que dalle en plus, il est où ton foutu problème, mec ? (non je n'ai pas dit ça, et d'ailleurs, je ne l'ai même pas pensé sur le coup : trop jeune, trop naïve). Bref, je me suis cramponnée et j'ai eu le poste. Quelle victoire !
Me voici 6 années après. Ma fiche de poste a évolué, je suis passé de 838,40 € net à 1 291 € net, grâce au fameux concours de rédacteur territorial et je suis toujours dans le même trou. Même l'horrible secrétaire général sexiste a débarrassé le plancher. Mais moi, je n'y arrive pas. J'ai essayé pourtant ; en 6 ans, vous pensez bien que j'ai envoyé pléthores de lettres de candidature, accompagnées de CV sans cesse réactualisés. Peine perdue : on ne me veut pas. Trop diplômée, pas le profil, pas de poste disponible, pas d'expérience suffisante... Mais la vérité, je vous la mets dans le mille ; le seul et unique motif qui se cache derrière ces hypocrisies c'est - trop feeeeeeeeeeeemme ! Non, pas trop femme genre trop bombe ou je ne sais pas quel autre superlatif. Trop feeeeeeeeeeeemme genre : trop jeune, trop mariée, trop vous-prévoyez-d'avoir-des-enfants-(bientôt) ? Et là, il n'y a qu'un truc à dire : REVOLUTION ! Y en a marre de cette dicrimination, je n'en peux plus ! Je veux sortir de ce trou, dites-moi comment faire ! On m'a poussé à bout !
Ah, je n'ai pas précisé que mon travail aussi a changé. Peu à peu, on s'est aperçu que j'étais intelligente. En principe, c'est un assez bon début. Mais là non. C'est devenu de plus en plus énorme : Clémentine, vous savez faire ci ? Clémentine, vous savez comment faire ça ? Et Clémentine, cette truffe trop fière qui répond oui à chaque fois... Rahhhh nouille va ! L'intelligence, c'est aussi savoir se faire passer pour plus bête qu'on ne l'est... Bref, d'un point de vue professionnel on pourrait croire que j'ai passé le test d'aptitude avec brio mais d'un point de vue personnel, aïe ! Je suis progressivement devenue à la fois responsable communication ET publication, responsable informatique ET réseaux, webmaster, webdesigner, programmateur, graphiste... Le pire, c'est qu'à chaque nouvelle mission, j'étais fière que mes compétences soient ainsi reconnues. Sauf que sur la fiche de paie, rien n'a changé : je suis toujours archiviste-documentaliste, je gagne toujours 1 291 € net par mois et mon salaire n'est que rarement réactualisé (de l'ordre de 0,5 % par an). Et oui, d'un point de vue purement mercantile, je fais tout pour des peanuts. Il y a des jours, pourtant, où j'aime mon travail. Manifestement, celui-ci n'en fait pas partie. Mais le pire, c'est que ça fait quelques jours que ça dure...

Avertissement

J'ai créé ce blog pour me défouler sous couvert de l'anonymat. Autant le dire tout de suite : ici, tout sera potentiellement réel, mais tout ne sera pas forcément vrai. En écrivant les Chroniques d'une Femme Active, je veux surtout montrer le quotidien d'une femme moderne. Beaucoup d'anecotes concerneront mon propre vécu, raison pour laquelle je souhaite rester anonyme. Il m'arrivera cependant d'extrapoler un peu (tout petit peu) pour les besoins de l'histoire...