Chroniques d'une Femme Active

Oeuvre de fiction inspirée de faits réels...

jeudi 25 septembre 2008

Clémentine, femme active

Bonjour, je m'appelle Clémentine. J'ai 28 ans et je travaille dans la fonction publique depuis 6 ans. Incroyable, quand j'écris ces mots, je commence déjà à flipper. C'est affreux, cette misérable ligne qui me caractérise officiellement n'a absolument rien à voir avec moi, celle que je suis vraiment. J'ai toujours eu des rêves... de grandeur. Oui c'est vrai, depuis toute petite, je veux devenir écrivain. Le plus drôle, c'est que j'ai décidé ça alors que je ne savais même pas écrire. En fait, ce que j'aime par-dessus tout, c'est raconter des histoires. Pour les écrire, ce n'est jamais simple. Pour commencer, je n'ai jamais le temps. Et quand je me prends le temps, je n'y arrive pas. Cette semaine, j'ai compris que je me prenais bien trop au sérieux, c'est pour ça que je n'arrive pas à écrire.
Me voilà donc ici, en partie aussi pour me guérir de cette affreuse manie de l'écriture trop parfaite. Un blog, c'est idéal pour écrire sans se prendre la tête. Et avec un peu de chance, on arrive même à trouver des lecteurs.
Voilà, en quelques mots, le ton est donné, je n'aime pas mon travail. Je m'y ennuie à un point ! Mon cerveau s'encroûte et ça me fait peur. Ah oui, que fais-je donc de si non-palpitant : j'ai initialement été recruté en qualité d'archiviste-documentaliste. Fiche de poste intéressante, salaire de misère, énorme travail en perspective : l'amatrice des causes perdues que je suis n'a pas hésité. Riez, la suite est si... Enfin jugez par vous-mêmes. Pour (mal) commencer, le secrétaire général de la mairie m'a reçue plutôt froidement. D'emblée, il n'était pas très chaud pour me recruter. Motif invoqué : trop diplômée. Et merde, ça commence. Oui, j'ai fait des études, oui j'ai eu ma maîtrise en traduction scientifique du premier coup, et avec mention en plus, et alors ? Merde, je suis compétente et je demande que dalle en plus, il est où ton foutu problème, mec ? (non je n'ai pas dit ça, et d'ailleurs, je ne l'ai même pas pensé sur le coup : trop jeune, trop naïve). Bref, je me suis cramponnée et j'ai eu le poste. Quelle victoire !
Me voici 6 années après. Ma fiche de poste a évolué, je suis passé de 838,40 € net à 1 291 € net, grâce au fameux concours de rédacteur territorial et je suis toujours dans le même trou. Même l'horrible secrétaire général sexiste a débarrassé le plancher. Mais moi, je n'y arrive pas. J'ai essayé pourtant ; en 6 ans, vous pensez bien que j'ai envoyé pléthores de lettres de candidature, accompagnées de CV sans cesse réactualisés. Peine perdue : on ne me veut pas. Trop diplômée, pas le profil, pas de poste disponible, pas d'expérience suffisante... Mais la vérité, je vous la mets dans le mille ; le seul et unique motif qui se cache derrière ces hypocrisies c'est - trop feeeeeeeeeeeemme ! Non, pas trop femme genre trop bombe ou je ne sais pas quel autre superlatif. Trop feeeeeeeeeeeemme genre : trop jeune, trop mariée, trop vous-prévoyez-d'avoir-des-enfants-(bientôt) ? Et là, il n'y a qu'un truc à dire : REVOLUTION ! Y en a marre de cette dicrimination, je n'en peux plus ! Je veux sortir de ce trou, dites-moi comment faire ! On m'a poussé à bout !
Ah, je n'ai pas précisé que mon travail aussi a changé. Peu à peu, on s'est aperçu que j'étais intelligente. En principe, c'est un assez bon début. Mais là non. C'est devenu de plus en plus énorme : Clémentine, vous savez faire ci ? Clémentine, vous savez comment faire ça ? Et Clémentine, cette truffe trop fière qui répond oui à chaque fois... Rahhhh nouille va ! L'intelligence, c'est aussi savoir se faire passer pour plus bête qu'on ne l'est... Bref, d'un point de vue professionnel on pourrait croire que j'ai passé le test d'aptitude avec brio mais d'un point de vue personnel, aïe ! Je suis progressivement devenue à la fois responsable communication ET publication, responsable informatique ET réseaux, webmaster, webdesigner, programmateur, graphiste... Le pire, c'est qu'à chaque nouvelle mission, j'étais fière que mes compétences soient ainsi reconnues. Sauf que sur la fiche de paie, rien n'a changé : je suis toujours archiviste-documentaliste, je gagne toujours 1 291 € net par mois et mon salaire n'est que rarement réactualisé (de l'ordre de 0,5 % par an). Et oui, d'un point de vue purement mercantile, je fais tout pour des peanuts. Il y a des jours, pourtant, où j'aime mon travail. Manifestement, celui-ci n'en fait pas partie. Mais le pire, c'est que ça fait quelques jours que ça dure...

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